vendredi 24 octobre 2014

La nuit a devoré le monde de Pit Agarmen

Année d'édition : 2014
Edition : j'ai lu
Nombre de pages : 230
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Depuis longtemps l'hmme a atteint le stade ultime de la décadence et de la cruauté. Il n'y avait sans doute qu'un pas pour qu'il se transforme en monstre...
Une épidémie a changé la plupart des êtres humains en créatures démoniaques, avides de chair et de sang. On a vite compris leur nature : ce sont des zombies. Rien n'a pu les arrêter, ni la police, ni l'armée. Ils ont tout ravagé. Antoine Verney est un survivant par hasard. Il n'a rien d'un héros. Il se retrouve à la fois prisonnier et protégé dans un immeuble parisien, alors que dans les rues les morts-vivants pourchassent les derniers humains.
Du haut de sa tour, tel Robinson sur son île, Antoine apprend à survivre et se confronte à la terreur. Armé d'un fusil, il découvre avec surprise qu'il peut tuer et qu'il a même un certain talent pour ça.
C'est un double combat qu'il va devoir mener, pour s'inventer une nouvelle vie et ne pas sombrer dans la folie.







Ecrivain un peu raté, Antoine se saoule allègrement pendant une soirée mondaine. Lorsqu’il se réveille, l’appartement est vide. Et les murs sont couverts de sang. Un cadavre sans tête l’attend dans le salon. Et dehors, des policiers dépassés luttent contre des zombies. Toujours plus nombreux, ils se répandent à toute allure dans toute la ville. Très vite, Antoine doit se rendre à l’évidence: il est seul. Heureusement, les morts-vivants ne semblent pas très intelligents. Alors, il se barricade dans l’appartement, fait des réserve de nourritures, de boisson. Il s’organise pour survivre. Et surtout, il réfléchit. Sur son rapport aux autres, sur sa vie passé, sur ce qu’il a perdu.

Ce très court roman a commencé comme une grosse blague pour moi. Un beau bain de sang dès la quatrième page, avec des détails bien ragoûtants comme le fait que les chaussures collent au sol, la couleur est annoncée. C’est tellement gros qu’il faut le prendre avec le second degré nécessaire à ce genre de texte: entre l’horreur et le comique. D’ailleurs, le narrateur affirme ne pas savoir d’où viennent ces zombies qui débarquent d’un seul coup et ne cherchera pas plus que cela à le savoir: ce n’est pas le propos. En revanche, il essaie très vite de les apprivoiser, de se faire à cet entourage qui est maintenant le sien. Il s’amuse de leur aspect, de leur absence de réflexion et la page d’après, les fuit et les craint. Il y a un côté jouissif, très drôle car un peu absurde, il faut bien l’avouer.
Mais très vite, il apparaît que les zombies ne sont que le déclencheur de cette intrigue. C’est la réorganisation complète d’un nouveau monde qu’Antoine met en place. Sa première réaction est celle d’un Robinson chez les zombies: s’assurer de rester en hauteur dans les immeubles pour ne pas être contaminé, rassembler à manger, à boire, de quoi se chauffer. Faire survivre ce qui reste d’humain ensuite: apporter une sépulture décente aux morts, s’assurer que ses plantes fleurissent, s’habiller, se laver. Et parler, aussi. Apprivoiser son nouvel univers, en observant bien les zombies et en réinventant même leurs noms et leurs histoires. Cette solitude qui fait de lui le seul référent de l’humanité lui permet aussi de repenser à ses rapports aux autres, à ce qu’il voulait leur dire dans ses romans, à ce qu’il espérait en courtisant Stella, à ce qu’il voudrait leur dire maintenant qu’ils sont probablement tous morts, ceux qu’il connaissait et ceux qu’il ne connaissait pas. Au travers de chapitres très courts, on alterne ces réflexions sur la nature humaine et des scènes issues d’un film d’horreur. Le mélange fonctionne étonnamment bien.


Chronique de Mélusine

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