mercredi 4 juin 2014

Vice & Vertu (Mon amie Odalie) de Suzanne Rindell

Année d'édition : Juin 2014
Edition : fleuve édition
Nombre de pages :  320
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : 
New York, 1922-1923. Rose Baker, la narratrice, est une jeune femme fortement marquée par ses années à l’orphelinat. Guindée, moralisatrice et distante avec son entourage, elle travaille comme dactylo au commissariat du Lower East Side à une époque où les femmes font tout juste leurs débuts dans le monde du travail. Lorsqu’une nouvelle venue rejoint l’équipe de secrétaires, Rose est très vite attirée par le magnétisme de cette inconnue. Avec Odalie, elle découvre un autre monde : des bars clandestins, des soirées chics, et des rencontres faciles. Odalie la fascine, lui fait perdre tous ses repères, oublier tous ses principes. Jusqu’au jour où un certain Warren, persuadé d’avoir reconnu la femme qui a provoqué la mort de son frère, se met en tête de démasquer Odalie. Qui faut-il croire dans cette grande fresque des faux-semblants ?



Tout d'abord, merci pour ce partenariat qui m'a permis de découvrir ce titre avant même sa publication !

Vice & Vertu, tout d'abord titré "Mon amie Odalie" (appellation qui restera en sous-titre si j'ai bien suivi) est tout à fait le genre de récit que j'adore : une écriture solide doublée d'une jolie plume, un contexte historique parfaitement rendu, une intrigue assez tordue sans non plus tomber dans le travers d'en faire trop. Dépaysant, élégant et équilibré, ce roman m'a plongée dans les années folles telles qu'elles déferlèrent aux USA, au moment où la prohibition se met en place à New York.
Le côté historique est non seulement bien rendu mais aussi exploité à la perfection (avec les relations hommes / femmes de l'époque, les tensions sociales, les folies des héritiers des grandes familles qui ne vivent que de leurs rentes, alors que les femmes célibataires des milieux modestes vivent dans une quasi misère, même en travaillant).

L'auteur a choisi d'employer la voix de Rose pour cette plongée dans la première moitié des années 1920. Rose est une femme à la fois terriblement naïve et absolument pas innocente... complexe, secrète, défendant son indépendance dans une société encore terriblement machiste, elle possède un regard critique et observe sans cesse son entourage. Soucieuse du travail bien fait, elle prend très à cœur son poste de sténo-dactylo dans un commissariat, vouant une admiration sans borne à son sergent (chez lequel elle avoue à demi-mot trouver peut-être le père qu'elle n'a jamais connu) alors que ses relations avec le lieutenant détective restent tendues et conflictuelles.
Les portraits des personnages à eux seuls sont ciselés à la perfection, surtout que Rose n'est pas une tendre : ses descriptions n'enjolivent pas ceux qu'elle égratigne.

Rose s'est habituée à une certaine routine, entre la pension de famille qui l'héberge et le commissariat, quand l'élégante, charismatique et pétillante Odalie y est à son tour embauchée. Cette nouvelle collègue perd une broche de valeur lors de son entretien d'embauche et Rose la ramasse... hésitant entre la conserver et la lui rendre... sans savoir que cette broche à elle seule va les lier bien plus qu'un simple accessoire ne devrait le faire.
Odalie, si chic et si libre, va très vite prendre de l'ascendant sur Rose. En dehors de leur travail, les deux femmes vont développer une amitié particulière, déséquilibrée par la dépendance dans laquelle la nouvelle venue plonge sa collègue en lui offrant un meilleur hébergement. Et, alors que Rose goûte à des plaisirs interdits, elle s'interroge de plus en plus sur le mystère dégagé par son amie.
Le lecteur comprend très vite qu'il s'est passé quelque chose de grave entre les deux femmes, qui n'a pas laissé indemne leur entourage...

Vice & Vertu est avant tout du pur chassé-croisé psychologique, assez hitchcockien à mon sens. Sur une partie du roman, je ne savais plus démêler le vrai du faux et l'une des clés pour tout remettre en ordre est livrée avec la toute dernière phrase. Donc, pour apprécier les derniers chapitres, quand tout s'emballe, il ne faut surtout pas lire la fin (au moins, je vous aurai prévenus !).
Au final, Vice & Vertu est un excellent roman de manipulations... le lecteur étant sans doute celui qui en fait le plus les frais.

Chronique de Roanne

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