lundi 26 novembre 2012

Les Adversaires de Fabien Clavel

Année d'édition : 2012
Edition : le pré aux clercs ( Pandore)
Nombre de pages : 366
Public visé : Young Adult
Quatrième de couverture :
Depuis des millénaires, un tournoi oppose les anges de l’Ordre aux légions du Chaos. Ces duels à coups d’épées flamboyantes doivent rester inconnus des humains.
Jusqu’au jour où la jeune Ayati est le témoin d’une de ces luttes à mort au bout de sa rue. Engagée malgré elle dans l’ultime bataille entre les deux clans d’immortels, elle devra risquer son âme et mettre en péril son amour, alors que le monde menace de basculer dans l’Apocalypse.



Je tiens à remercier le forum littéraire Mort-Sûre ainsi que les éditions le pré aux clercs sans qui je n’aurais pas pu découvrir cet ouvrage. Je ne connaissais pas Fabien Clavel avant de lire ce roman mais je ne crois pas que ce sera le dernier que je lirai de lui. J’ai particulièrement aimé ma lecture et c’est donc un grand plaisir que je prends à écrire cette chronique!

Une guerre afin de savoir qui sera le nouveau « bras droit » de Dieu est sur le point de commencer. L’Apocalypse se prépare et cette fois-ci les règles ont changées. Les aspirants « El » peuvent être anges, démons ou même humains ce qui laisse tout le monde perplexe. La jeune Ayati est témoin de l’un de ses affrontements. Elle est loin de se douter que sa vie allait être bousculée à tout jamais. Elle est malgré elle entraînée dans ce tournoi qui se déroule à l’insu des humains normaux. D’un autre côté, Driss est aussi sur le point de transformer sa vie. Il va devenir l’un des serviteurs du Chaos ce qui n’annonce rien de bon pour lui. Tous les deux sont entraînés dans cette grande guerre qui survient tout les 372 ans mais qui cette fois s’annonce d’une toute autre nature…

Tout d’abord, j’ai été tout de suite séduite par le thème. Les anges et les démons sont des personnages qui s’ils sont bien utilisés peuvent donner un tout très intéressant. Ce fut le cas avec « les adversaires ». L’auteur revisite ce mythe d’une manière qui lui est propre en y incorporant des éléments bibliques et fantastiques. Sans tomber dans le stéréotype, on reconnait bien certains caractères angéliques et démoniaques tel que la personnalité mélancolique de l’ange Tumaël et la personnalité belliqueuse de Sammaël. J’ai aussi beaucoup apprécié le travail qui s’est fait autour de la structure et du folklore des deux communautés. Je trouve qu’avoir des références bien précises sur les différentes hiérarchies, sur les différents types d’anges et de démons apportent beaucoup plus de réalisme à l’histoire. J’ai été servie!

Deuxièmement, l’équilibre entre la présentation des personnages et de l’univers et le début des actions des personnages est bien là. Ça ne nous laisse pas le temps de s’ennuyer avec de trop longues explications mais ça ne nous laisse pas non plus avec nos questionnements trop longtemps. L’élément déclencheur arrive très vite et l’action n’est pas très loin derrière. J’ai bien aimé le rythme effréné, la succession des événements qui ne m’a pas laissé sur ma faim.

Troisièmement, les personnages sont plutôt nombreux. Ils semblent évoluer dans des endroits différents mais ils finissent tous par être des éléments cruciaux dans l’histoire. Leurs chemins se croisent et les relations qui se forment entre eux sont assez flous. J’ai bien aimé la relation entre Tumaël et Ayati. Ce dernier est un ex-ange qui rêve d’être entièrement humain et l’apogée de cette humanité réside dans la conception d’un enfant. Mais il reste stérile. Lorsqu’il rencontre la jeune femme il l’a prend sous son aile et elle devient en quelques sortes sa fille, sa protégée. Ils développent une belle complicité, au final. Les personnages que j’ai préféré sont sans aucun doutes Noguel et Sammaël. Ils sont très importants mais l’auteur ne s’est pas trop attardé à leur passé, à leur psychologie ce que je regrette. J’aurais aimé qu’ils prennent une plus grande place dans la narration. Peut être dans un prochain tome? Somme toute, le point qui m’a le plus déçue a été le manque de vitalité dans la personnalité de chacun des personnages. La plupart sont restés ternes et ça m’attriste car je m’attendais à un tout petit peu plus.

Finalement, le style d’écriture est tout simplement sublime. Il m’a envoûté très rapidement. C’est fluide, facile à lire. C’est un roman qui peut plaire à plusieurs tranches d’âge. L’intensité des émotions des personnages est palpable ce qui comble le vide que j’ai pu ressentir quant à leur personnalité. Bref, un roman qui mérite d’être lu! Vous passerez certainement un très bon moment tout comme moi!

Chronique de Lady Swan

*********************************

J'avais très envie de découvrir la boîte de Pandore, nouvelle collection du Pré aux clercs, c'est pourquoi je remercie le forum Mort Sûre et cette occasion qu'il m'a donné d'ouvrir la boîte... Mon dévolu était tombé sur Les adversaires, de Fabien Clavel, un auteur que je souhaitais découvrir d’avantage.

Une nouvelle fois, il aborde le thème des créatures fantastiques, ici, les anges. Déchus, grandioses, démoniaques... et surtout mélancoliques. C'est le ton le plus important qui teinta ma lecture et la noya quelque peu : la mélancolie. Celle de ces créatures belles mais souvent impuissantes, qui ne sont pas en paix avec leur immortalité. Au contraire.... Quelque soit leur nature et leur camp, elles évoluent dans notre monde, notre espace à tous, où un tournoi les oppose depuis des millénaires pour désigner celui qui sera le messager de Dieu. Lorsque Ayati, une jeune indienne sensible et perdue, assiste à un combat opposant un ange "Veilleur", et un démon, sa vie, trop tranquille, bascule totalement... Elle se retrouve impliquée dans cette ultime bataille entre les clans d'immortels.

Le monde est en train de sombrer dans l'Apocalypse. Pas d'espoir. De lueur du soleil. Pluie, sang, peine. Remords et chagrin de ces êtres fabuleux. L'auteur a construit une ambiance lourde et triste, ou tous les personnages nagent dans leurs blessures, tentant malgré tout de se construire et de se faire une place dans le monde des hommes. La lecture peut être difficile à démarrer, car il faut s'habituer à cette triste atmosphère, où le ciel semble pleurer toutes ses craintes, et sa fin, sur nos héros. Héros que nous suivons, chapitres après chapitres, par des points de vues différents. Hors, ils ne sont pas narrateurs et la première personne n'est jamais utilisée. Le narrateur et le lecteur semblent tous deux être spectateurs de ce chaos silencieux, de cette étreinte sourde et douloureuse entre les deux clans, bien et mal s'alliant parfois dans des temps ou la neutralité légale, prétexte à une alliance, les protège.

L'originalité de l'auteur, autre que dans son écriture de la mélancolie, à mon goût, tiens surtout dans les castes qu'il a construit, faites de différents niveaux dans leur hiérarchies respectives, côtés anges ou démons. Tous ont leurs lois, leurs coutumes, et surtout leurs souvenirs, qui les poussent à adopter les mêmes comportements, par tradition, et certainement, un fort devoir de mémoire envers ceux qui sont tombés avant eux, et après avoir appris leur savoir aux humains. Les anges et démons, qui seraient présents depuis toujours dans notre société, et auraient permis à l'homme de grandes évolutions... sont toujours parmi nous selon Fabien Clavel ! Soit pour protéger, ou agir, dans la société des humains, soit pour devenir comme eux.... et perdre leurs ailes. L'idée de perdre ses ailes, par amour, par foi en la race humaine et ses sentiments, est l'idée la plus touchante du roman, car la plus mélancolique, et la plus défendue... L'écriture des sentiments, pour décrire cette vie stérile des sans ailes, est celle qui m'a le plus touchée, alors que je n'ai pas trouvé que les autres sentiments étaient très présents le reste du temps.

Tout est une question d'opposition : la colère et la rage sont opposés à l'amour et à la protection. Des sentiments forts, puissants, qui sont eux décrits et montrés. Alors que les sentiments plus subtils, les multiples facettes des humains, ne sont pas abordés... Par choix sans doute, car finalement, ce sont des créatures fantastiques que nous suivons.

Les personnages sont très différents, mes préférences étant allées aux deux plus jeunes, Ayati et Driss, Ceux qui nous mènent, tout en faisant avancer, vite et de façon inattendue, l'intrigue, autant que l'Apocalypse. J'aurai pu préférer Tumaël, ange gardien triste, et trop mélancolique, ou Samaël, démon trop méchant... Mais mon affection est allée aux humains, proches de nous, de la nuance et du côté perdu par les évènements que l'on peut tous ressentir.

Le récit, un peu lent, et difficile à aborder à mon goût à cause des changements de points de vue qui ralentissent régulièrement l'avancée de l'intrigue, mais aussi à cause de cette omniprésence de la mélancolie, peut néanmoins être abordé par tout lecteur, dès 14 ans, qui saura s'accrocher à une histoire bien menée, originale, dans un contexte sombre de fin du monde. Mais surtout, les amateurs de fantastique, d'anges, de démons, de sorciers... en auront pour leur compte. Mon seul regret est que je m'étais imaginé une fin très différente, qui aurait plu d'avantage à mon coeur de guimauve, mais l'auteur à heureusement su me surprendre, et me proposer un dénouement satisfaisant les attentes qu'il avait provoqué.

Je le remercie pour l’originalité du texte et toutes les surprises dans ma lecture qui en ont découlé. Autant dans l'écriture de la mélancolie que j'ai expérimenté, que l'univers complexe qu'il a imaginé autour des anges... Une expérience à tenter, et une collection qui nous promet des imaginaires hors du commun. 

Chronique de Marly 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire