jeudi 28 juin 2012

La mort et quelques amis s'invitent chez le club diogène de Jérôme Sorre et Stéphane Mouret

Date de publication : 2010
Prix : 16.00 €
Quatrième de couverture :
La gaffe se produisit au cœur tortueux de l’escalier, là où les marches étaient les plus traîtresses. Le tonneau trompa-t-il les doigts de Franklin ou triompha-t-il des biceps du Maréchal, qu’importe, pendant que les deux hommes s’accusaient mutuellement, le tonneau dégringolait par rebonds dans un vacarme de tous les diables. Miraculeusement, il finit sa chute debout, calé d’aplomb contre ses congénères.

Mais les secousses avaient dérangé ce qui croupissait à l’intérieur. Au début, ça se mit à taper. Le Maréchal et Franklin supposèrent qu’il s’agissait des remous du liquide, amplifiés par le ballottage des morceaux solides qui nageaient dans cette drôle de soupe. Mais voilà que ça se mettait à cogner plus fort ! Avec des poings, eût-on dit.

Quelque chose paraissait vouloir sortir du tonneau.

« Y a quelqu’un ? » appela le Maréchal en se baissant malgré lui sur le fût.

Ça répondit.
*

Les années passent, mais au cinquième étage de l’hôtel Impérial, tel un phare sans compassion, la lumière du club Diogène veille toujours sur les hauts-lieux et les bas-fonds de Paris, à l’affût d’une distrayante monstruosité qui viendrait à passer.

Rien n’a vraiment changé.

Certains en prennent peut-être plus à leur aise avec les règles édictées par Monsieur : ainsi Vayec et Franklin, en compagnie leurs belles, arpentent-ils en plein jour Montmartre. Mais, « D’une rue à l’autre », ils risqueront bien de se perdre.

Le Maréchal commence à ressentir les affres de la vieillerie : qu’à cela ne tienne ! Ce sera l’occasion pour le Club de se mesurer à un effarant gang de p’tits vieux.

Il y a aussi les ennemis séculaires du Club, comme le vieil Ésope, qui à grands coups de fables, de métamorphoses et d’incendies cherchent à prendre leur revanche. Fédor et les siens en ont maté d’autres.

Enfin O tempora o mores oblige, la gente féminine entend bien occuper le devant de la scène, comme dans cette vaillante « Histoire de filles », où Camille et Lison en remontrent à tous les goujats.

Un sentiment de truculente invulnérabilité pourrait légitimement gagner ces héros sans discipline et les lecteurs éblouis de leurs exploits pas toujours recommandables. Pourtant, au terme de ces quinze nouvelles aventures, le club Diogène perdra l’un des siens…


Je tiens tout d’abord à remercier les éditions Malpertuis et le forum Mort-sure qui m’ont permis de participer à mon premier partenariat. C’est donc avec grand plaisir que j’ai reçu l’ouvrage il y a quelques jour et, à ma grande surprise, je l’ai découvert beaucoup plus gros que ce que j’avais pu imaginer. La couverture m’a tout de suite attiré l’œil avec sa sympathique illustration représentant le combat des deux femmes face à une pieuvre géante, alors que les hommes du navire restent impuissants. Le seul détail regrétable à mon gout est la couleur de la tranche, jaune vif, qui dénote un peu.

Sans plus attendre j’ai donc commencé la lecture…

N’ayant pas eu l’occasion de lire le premier opus des enquêtes du Club Diogène (disponible chez la même maison d’édition), il m’a fallu deux chapitres pour bien me replacer dans le contexte de l’histoire et apprendre à mieux connaitre les différents personnages qui apparaissent au fil des lignes. Pourtant une fois immergée dans le monde de Jérôme Sorre et Stéphane Mouret, je n’ai pu délaisser le livre et en ai dévoré le contenu en quelques heures !
Tous les chapitres sont en fait des nouvelles à part entière, même si les événements restent toutefois liés. Tantôt fantastique avec la présence de créatures mystiques, tantôt réaliste, les récits mettent en scène les différents personnages qui ne sont pas tous présent à chaque fois et que nous pouvons donc suivre chacun leur tour. Aucun n’ai délaissé et nous apprenons à les connaitre au fur et à mesure.

Dans un premier temps les auteurs nous entrainent à l’exposition universelle d’un Paris en 1878, dans une enquête plutôt glauque et monstrueuse de Camille, la jolie jeune femme aux travers alcooliques, et du vieux maréchal à l’œil parfois pervers. La suite nous mène dans les ruelles sombres et sales de la ville, à la poursuite d’un mort vivant avec la totalité du club. Vayec en chef d’expédition (personnage que j’apprécie beaucoup pour ses traits de caractère) suivit de près par les deux jeunes hommes de la troupe, Franklin et Fédor (mon deuxième chouchou !) puis viennent les très démonstratifs D’Orville et Lison et enfin Camille et le maréchal.

Les chapitres suivant alternent la présence des personnages dans des aventures tout aussi passionnantes. Mes préférées restant « D’une rue à l’autre »,avec une rue qui se déplace dans Paris, et « Le galeux » qui nous permet de suivre un long monologue de Franklin à la fois sinistre et remplit d’humour, sans oublier « De l’absinthe et autres remèdes contre l’ennui » où Fédor dévoile ses talents de pianiste tout en comptant un récit de son pays au maréchal et à une Camille endormie.

Au-delà des intrigues parfaitement maitrisées et du suspense qui entoure le créateur du Club Diogène dont on ne sait que très peu de chose, j’ai beaucoup aimé le style d’écriture des deux auteurs et les nombreuses descriptions qui illustrent les chapitres, que ce soit des lieux parisiens présentés ou les détails des personnages. Un seul petit point négatif à noter, le langage parfois soutenu utilisé et des tournures de phrases un peu compliquées (critique qui ne gênera sans doute pas les lecteurs avertis).

Pour conclure, je dirais que j’ai passé de très bon moment avec ce livre qui m’a souvent fait passer des grimaces de dégout au sourire. Je vais donc me dépêcher de commander le premier tome pour comprendre les quelques subtilités qui m’ont sans doute échappé… 
 
Chronique de Yezahel

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